Au centre du Bagua ou Pa Kua se trouve le fameux yin yang. Dans la philosophie chinoise, le taï chi (yin et yang) symbolise les forces cosmiques primaires contraires, mais aussi complémentaires : le yin (la lune) est la force féminine froide, réceptive, passive; le yang (le soleil), quant à lui, symbolise la force masculine, le mouvement, la chaleur... Les combinaisons de traits continus et discontinus dans les 8 trigrammes entourant le yin yang, qui représentent les forces des éléments de l'univers en flux et en mutation perpétuels, composent le Yi King.
Le Yi King chinois (Le Livre des mutations), une des plus anciennes méthodes chinoises de divination connues, illustre la philosophie de l'interconnexion. Né entre 1000 et 750 av. J. C., il a été largement complété par des sages et probablement par Confucius lui-même. Chaque trigramme représente une direction, un élément, un animal etc. Les traits continus signifient « oui » (yang) et les traits discontinus « non » (yin). Les trois trigrammes opposés, formés de trois vues continues (qian/ciel) et de trois vues discontinues (kun/terre), prennent progressivement l'apparence des uns et des autres, jusqu'à ce que leur différence ne s'annule. Le Yi King symbolise la présence universelle des contraires, qu'il reconnaît comme étant muables et parfaitement éphémères. À un moment donné, les 8 trigrammes ont été regroupés pour former les 64 hexagrammes et l'on a considéré qu'ils représentaient l'ensemble des situations humaines et cosmiques élémentaires.
Nikos Kazantzakis lui-même parle de l'emblème comme de la « roue sacrée du shinto ». Le 16 juillet 1935, dans une lettre qu'il envoie d'Égine à son ami Pandelis Prevelakis à Athènes, il écrit : « Je vous envoie [une carte représentant] une porte du shinto, rouge, élégante1, noire en sa partie supérieure. C'est la porte du salut.[…] Je vous ai également dessiné la roue sacrée du shinto, qui trouvera sa place sur le linteau de la maison. » Et Prevelakis note : « La roue sacrée du shinto a réellement pris place sur le linteau de la maison de K. à Égine, sous la forme d'une mosaïque (cubes noirs et dorés) réalisée par Elli Voïla qui l'a offerte à K. »2 (traduction libre, NdT). Le shinto, plus connu sous le nom de shintoïsme, est la religion antique – et officielle jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale – du Japon. Le terme shinto, d'origine chinoise, reste au Japon la dénomination la plus courante des pratiques religieuses non bouddhistes, même si le shinto moderne porte des marques évidentes de syncrétisme séculaire avec le bouddhisme.
Nikos Kazantzakis, esprit inquiet et universel, esprit insatiable, esprit tourmenté par des questions existentielles, s'est consacré à l'étude de la philosophie, de l'histoire et des religions des pays d'Orient. Il est notoire que Bouddha était pour lui l'une des figures les plus importantes, tant au niveau mondial qu'historique. Il était à ses yeux l'un des « plus grands guides des âmes » (il en a même écrit la tragédie éponyme : Bouddha). Eleni N. Kazantzakis s'est, elle aussi, penchée sur l'histoire et les pratiques des pays d'Orient. Elle a ainsi traduit l'ouvrage de Vivekananda – disciple de Ramakrishna – qui a contribué de façon déterminante à la renaissance de l'hindouisme en Inde, mais aussi à l'introduction du vedanta et du yoga en Europe et aux États-Unis.